NOTRE VISITE DE 1.5 JOURS A MEDELLIN
Résumé de l’article
El poblado
Le trajet jusqu’à Medellin aura été sportif, le chauffeur se prend pour un pilote et la conduite colombienne n’a rien d’une sinécure !
Nous logeons dans le quartier Poblado. Celui où vit la population fortunée et où logent les touristes en quête de fiesta. C’est extrêmement vert, les plantes tropicales de la région du café nous ont suivi à Medellin.
C’est étonnant de voir autant d’espaces boisés dans une ville de cette taille 😍

J’ai choisi un super hôtel avec piscine sur le toit mais il s’avérera qu’elle n’est pas bien grande et prise d’assaut. De toute manière avec notre emploi du temps de ministre, difficile de trouver un moment pour s’y rendre.

En soirée on balade dans les environs, on croise un petit marché artisanal et on atterrit dans un immense quartier dédié à la jeunesse survoltée venue faire la fête à Medellin. Une enfilade de boîtes et de bars à la déco soignée crache ses décibels sur le trottoir. Difficile de s’y retrouver dans ce maelstrom de musique.



Beaucoup trop bruyant pour nous on se rabat dans une rue un peu plus calme, enfin tout est relatif ; en Colombie le calme ils ne connaissent pas ; pour boire un coup.

Le centre historique

Cette journée est consacrée à la visite de Medellin. On s’est dégoté un guide francophone du coup on va enfin pouvoir comprendre quelque chose !
On attaque par le quartier historique. Historique est un grand mot parce que tout les bâtiments sont assez récents. Les successions de guerres (indépendance, civile, des cartels, des groupes armés révolutionnaires…) ainsi que les politiques du pays on eu raison du peu de bâtiments historiques. On découvre tout de même l’ancienne gare et quelques bâtiments administratifs réhabilités. Et surtout on nous explique l’histoire de la Colombie par une colombienne. Je ne vais pas vous faire un cours on aura l’occasion d’en discuter !

Place Botero
On continue nos pérégrinations et on tombe sur un immense, gigantesque marché qui a élu domicile dans les rues du centre. Y en a partout et ils vendent de tout. On a un peu les boules de ne pas pouvoir en profiter parce que la Colombie est le pays du textile et de la contrefaçon. Les prix sont minimalistes comme la quantité de tissu sur les fringues. Certains hauts semblent tout droit sortis d’un sex shop. Il y a d’ailleurs pléthore de ces petites boutiques dans les rues. On s’amuse surtout de la morphologie des mannequins dans les vitrines. Si chez nous la norme est plutôt petits seins, hanches fines et fessiers musclés ici c’est obus pour le haut, taille de guêpe et popotin à la Kim Kardashian !
On atterrit ensuite dans l’ancien palais de justice qui a été reconverti en centre commercial sur 2 niveaux et galerie d art aux étages supérieurs. Et alors là ! C’est comme arriver au paradis 😍 Des centaines de boutiques, les unes à côté des autres qui ne vendent que des chaussures de contrefaçon. Choc visuel ! C’est des dizaines de milliers de pompes qui s étalent sous nos yeux émerveillés. Malheureusement la journée n’est pas consacrée au shopping, on traverse donc les allées les dents serrées et la larme à l’œil.
Quelques mots sur le côté « safe » de ce quartier. Personnellement nous l’avons trouvé sécur. Il y a bien quelques mendiants (guerre au Venezuela oblige) quelques types pas net complètement défoncés mais qui sont tellement perchés qu’il calcul personne mais sinon rien d’effrayant. En somme c’est comme chez nous. Bon la guide nous dit tout de même qu’en soirée après la fermeture du marché vers 19h ce n’est pas un quartier où traîner, mais en journée pas de problème.
La Communa 13

Direction ensuite les hauteurs de Medellin. On enchaîne le métro qui est aérien et hyper propre avec le téléphérique. La vue sur la comuna est impressionnante. Un entassement infini de maisonnettes, construitent les unes sur les autres sans aucune hiérarchie. Ici tout est anarchique.

Lors de l’exode des gens de la campagne pour fuir les milices et les narcos, la population a investi les montagnes autour de Medellin. Créant ce que nous appelons des favelas mais qui en réalité n’existent pas en Colombie. La population a donc tant bien que mal essayé de survivre en se créant des habitats avec les moyens du bord sans aucune aide de l’état. Les rues, escaliers… tout a été construit par les habitants eux mêmes. Difficilement imaginable quand on voit la topographie du terrain. Pentes raides, étroites et tortueuses sont les seuls accès de déplacements des habitants. Coupés du monde, l’accès à l’école, aux services de santé et même au travail est au mieux compliqué au pire impossible. Surtout quand on sait que 60% des habitants de Medellin sont des travailleurs au noir. Il est compréhensible que dans cet univers les trafiquants y aient fait leurs nids. Les guerres de territoires, les extorsions et les exécutions envers quiconque aurait des envies de révolte sont le lot quotidien des habitants.
Et malgré une tentative de l’état de mettre fin au trafic à la fin des année 90 le constat restera le même. La comuna 13 est l’endroit réputé le plus dangereux au monde. Il faudra attendre 2003 et l’opération Orion pour amorcer un tournant. Pendant plusieurs jours les militaires et paramilitaires bouclent le quartier et investissent chaque maison. Malheureusement le constat est mitigé car de nombreuses exécutions sans fondement seront perpétrées par les paramilitaires lors de ces jours de terreur. La gentille famille chez qui nous déjeunerons le midi nous fera un constat glaçant, où les balles fusaient dans toutes les directions transperçant les murs et planchers des maisons.


La transformation du quartier viendra surtout des femmes et de la jeunesse qui poussées par leur conviction de paix et d’amour utiliseront l’art comme moyen d’expression réussissant a instaurer un climat de paix et se faire entendre de l’état. Une grande route sera construite pour monter dans les hauteurs de la comuna 13, ainsi que des Escalators pour desenclaver la population. La construction d’ écoles (2 uniquement) et du téléphérique constitueront de nouvelles avancées.
La comuna 13 de nos jours.
Clairement je m’attendais à tout sauf à ca ! Il est absolument stupéfiant de se dire qu’en même pas 20 ans cet endroit est passé de coupe-gorge à un haut lieu de tourisme, mais les revers de la médaille sont la dénaturation totale de ce quartier. Quand on atteint la comuna 13 on a l impression de rentrer dans un parc d’attractions. C’est blindé de touristes, à tel point que les locaux peinent à rentrer chez eux. La grande route qui monte à la comuna n’est pas bien large, seules les motos peuvent y accéder et avec toute cette masse de personnes c’est une vraie galère. Sur chaque trottoir ce n’est que vendeurs ambulants, bars musicaux, restaurants … des structures colorées dignent de Disney Land ponctuent notre avancée, c’est à peine croyable. Le côté positif c’est que cette manne providentielle de touristes amène de l’argent aux habitants du quartier mais malheureusement certains investisseurs ont flairé la bonne affaire et construit des bars dont les dividendes ne sont pas reversés à la population locale. Le côté négatif, c’est la surpopulation du quartier qui est quasi invivable pour les locaux et le bruit intempestif 7/7 des bars.
Comme partout les dangers du sur-tourisme existent, mais quid de savoir ce qui est le mieux pour les locaux ???


Quoi qu’il en soit, il ne faut quand même pas rêver … la comuna 13 n’est pas entièrement « safe ». Il suffit de sortir de la route principale pour se rendre compte des conditions de vie. Et cette fameuse route n’atteint pas encore les hauteurs du quartier, zone où je ne me risquerai pas à me promener; et où la drogue circule toujours d’autant plus depuis l arrivée des réfugiés vénézuéliens.


Mais ce qui représente véritablement la comuna 13, c’est ses graphs. De manière générale il sont fait pour une durée de 5 ans avant d’être recouverts par de nouvelles œuvres. Symbole de paix, ils portent tous une signification forte. Au même titre, toute la culture hip hop est mise à l’honneur, danseurs, rappeurs sont en représentation permanente dans le quartier. Difficile d’échapper aux chanteurs en herbe qui vous entourent en rappant une impro pour quelques pesos. C’est rigolo au début, mais un peu lourd par moment, surtout que c’est un concept en vogue dans les villes. Carthagène nous le comprendrons plus tard possède également son propre lot de rappeurs et pour une raison inconnue tous surkiffent Théo qui y a droit à chaque coup 🤣
La règle dans la comuna, c’est le système D. Chacun fait commerce comme il peut, tresses, chapeaux en tissus, peintures, photos, et même pipi room. Des habitants mettent à disposition leur toilette pour quelques pesos.




On finira notre balade au pieds de la comuna après avoir descendu les 6 escalators qui dénotent complètement dans le paysage, c’est même hallucinant ! On fera une petite pause glace et Luna re-découvrira les fameuses marquesitas qu’elle avait tant aimé au Mexique.

Après cette journée bien chargée et bien bruyante, nous finirons par un cocktail dans un bar a côté de l’hôtel qui a l’avantage de diffuser la musique à un niveau sonore acceptable.