Banaue
Île de Luzon
Bon, aujourd’hui c’est la merde ! C’était prévisible mais l’avoir prévu n’empêche pas de le subir.
Pour atteindre les rizières c’est une véritable épopée et elle commence tôt le matin. Comme les compagnies aériennes aux Philippines sont réputées pour décaler voir annuler leur vol, j’ai pris soin de toujours réserver le premier ou deuxième vol de la journée afin d’avoir un plan B. Voilà pourquoi notre journée débute à 5h tapante. Le vol se passe sans encombre et on atterri à Manille à 11h. Ensuite commence le calvaire ! On a 10h d attente avant de prendre le bus de nuit qui relie Manille à Banaue en 10h également. On part vadrouiller dans le Mall of asia qui est immense et regorge de boutiques.
Mais très vite notre aversion pour cette activité et la fatigue qui s’abat sur nous ont raison de notre patience et de notre bonne humeur. On décide de se dégoter un hôtel proche de la station de bus pour passer les 6 heures restantes. Meilleur investissement de notre vie ! On dégote un hôtel qui loue des chambres à l’heure ; oui c’est chelou mais l’hôtel est propre, ce qui n’est clairement pas le cas du quartier comme nous l’indique le gardien armé à l’entrée. On en profite pour rattraper une malheureusement heure de sommeil et les filles pour faire quelques devoirs.
A 19h50 le téléphone de François sonne une première fois mais il ne répond pas et ce n’est qu’à la deuxième fois qu’il se décide à prendre l’appel d’ un correspondant philippin. Et heureusement ! Il s’agit de la compagnie de bus qui nous demande ce que nous faisons ?
C’est le branle bas de combat chez les Basso ! Il se trouve que le bus ne part pas à 22h mais à 20h, allez savoir pourquoi je me suis mis cette heure là en tête et surtout pourquoi je n’ai pas vérifié mais le fait est qu’on a loupé notre bus.
A la limite de la grosse crise de larmes et de me foutre de grosses baffes. Heureusement il reste encore des places sur le prochain et dernier bus.
On remballe en quatrième vitesse nos affaires et on traverse à pieds avec toutes nos valises la ville en direction du bus. Il fait nuit, le quartier n’est pas vraiment accueillant, loin de là (disons qu’il n’apparait pas dans les brochures vantant les beautés de Manille !) mais je suis tellement stressée que je n’y fais même pas attention.
On arrivera à temps avec un immense, gigantesque soulagement de maman. Les filles, elles, n’auraient rien eu contre de louper cette escapade dans le nord, « c’est le destin » qu’elles arrêtent pas de dire ! Sachez que peut être nous aurions mieux fait de les écouter !!!
Treck dans les rizières
On arrive à Banaue 10h plus tard soit à 5h30 du matin, fourbu et soulagé de pouvoir se dégourdir les jambes. Le trajet s’est bien passé mais on a pas dû grappiller plus de 4h de sommeil et les sièges du bus on eu raison de nos fessiers.
Déjà la vue sur les rizières de Banaue est époustouflante.
Après un bon petit dej on nous explique un peu le parcours que nous allons faire durant ces 2 jours.
Il faut que vous sachiez que je n’ai pas eu beaucoup d’info sur le programme avant d’arriver mais qu’on doit sur 2 jours visiter les rizières de Banaue et de Batad.
J’ai lu que c’était tout à fait faisable pour des randonneurs du dimanche et que c’est un parcours d environ 10 kms.
Donc, il y a la théorie et … la pratique.
Parce que là, le guide commence à nous parler de 18/20 kms. Bon, ça nous fait pas trop rire mais je me dis qu’une moyenne de 9 kms par jour c’est faisable.
Et bien l’avenir se chargera de nous démontrer que :
1- nous n’avons pas 2 jours pour faire tous ces kilomètres
2- même 10 kms, ici, vu la topographie du terrain, c’est au dessus de nos capacités.
A 8h30 nous rencontrons les 4 autres personnes qui vont nous accompagner sur ce treck (dont nous pensons toujours qu’il doit faire 18kms en tout !) Et rien qu’à leur tenue on se rend compte qu’on ne joue pas dans la même catégorie ! Nous short en jeans, basket de ville, eux, short de sport, tennis de compèt ! Ils sont jeunes, ils ont l’air sympa, tout le monde est français, a beaucoup voyager et surtout l’un d’entre eux « julien » mon préféré qui est au milieu de son trip de 4 mois en Asie. On prépare un petit sac à dos avec juste le nécessaire pour ces 2 jours et on grimpe à bord d’un jeepney, enfin plutôt sur le toit !!!
Pula
Au bout d’une demie heure et la fin de la route nous attaquons la rando plein d’entrain et de motivation.
Oui mais voilà, au bout de 3h de marche sur des chemins qui montent et qui descendent dans une forêt sans aucun intérêt avec aucune rizière en vue et un guide qui cavale comme un fou s’en se préoccuper que 5 personnes sont clairement à la traîne on commence à en avoir vraiment plein le cul !
Je dis 5 parce que le groupe s’est rapidement scindé en 2 : les basso et Julien d’un côté (à la fin) les 3 jeunes de l’autre (en tête de peloton). Niveau sécurité en plus, on repassera ! On longe régulièrement des ravins sur de très étroits chemins de terre et en cas de chute on est un peu livré à nous même. Thaïs en fera une petite qui n’aura pas de conséquence dramatique mais qui nous refroidi clairement.
A bout, et excédé on profite d’une pause (très courte la pause pour nous : puisque tous les kilomètres le guide s’arrête pour nous attendre mais des qu’il nous a en visuel il redémarre, ce chameau !) pour lui demander où on en est. Et là, stupéfaction à la maison, grand moment de détresse et de désespoir ! On apprend que les 18 kms doivent être fait dans la journée et qu’en plus, faut vraiment pas traîner parce que le soleil, lui ne nous attendra pas pour ce coucher. Le treck comptabilisera au total sur 2 jours 26km et plus de 15h de marche.
Je vous la fait un peu en accéléré mais à ce moment le guide nous montre un petit point blanc perdu plusieurs collines plus loin et nous l’indique comme notre destination pour le repas du midi et le stop de mi-parcours. Toute la misère du monde s’abat sur nos épaules, nos dos, nos mollets et nos pieds.
Parce que je veux vraiment que vous compreniez que pour une fois je ne fais pas ma marseillaise, je vous ai entouré le petit point blanc symbolisant l’arrêt repas de Pula.
J’essaye de booster le moral des filles mais même pour moi cela m’apparaît comme impossible rien que d’attendre ce point, alors d’en faire le double !!!! Surtout avec toutes ces montées, ces descentes et ces marches d’escaliers plus hautes que larges. Franchement on a vue ça que dans les films, il y a au moins 2 ou 3 montagnes à contourner puis à gravir.
On attend enfin pula, refuge de treckeurs, au bout de 4h de marche, les pieds en sang, le dos en compote, les mollets en feu, pour la pause repas. Le moral est au plus bas, surtout que le manque de sommeil se fait clairement ressentir. Heureusement, Julien souffre autant que nous et comme c’est un petit plaisantin il nous fait un peu rire et les 3 autres bien que nous les retardions, sont super sympas et compréhensifs. Le problème c’est que tout ça, ça nous fait une belle jambe ! Ca va pas nous aider à faire l’autre moitié du périple surtout qu’on attaque la partie la plus difficile. Les chemins déjà pas très larges s’étrécissent encore, et les escaliers …!!! Inimaginable ! Des volets de marches à perte de vue qui montent sans fin presque à la verticale pour mieux redescendre à pic. Un calvaire, mais le vrai du vrai. Celui où vous vous demandez vraiment comment vous allez pouvoir faire, car aucune échappatoire.
Heureusement, nous contemplons nos premières rizières, le paysage est grandiose mais je suis bien la seule à m’en extasier.
Plus on marche et plus Pula rapetisse à l’horizon mais jamais aucune trace de Cambulo
L’épuisement prend le dessus sur toute forme de sentiments positifs. Les filles font preuve d’une vaillance extraordinaire mais elle sont à bout de force, les larmes ne sont pas loin malgré toute leur bonne volonté et chaque fois qu’on demande au guide dans combien de temps on arrive il nous dit 1h30. Toutes les heures c’est la même réponse. En d’autre terme on en voit pas la fin et je suis de plus en plus inquiète quand je pense qu’une autre journée nous attend. Surtout qu’un mal plus insidieux guette nos rangs : le François en colère.
Vous connaissez François, toujours calme, pondéré, et bien là ! On y est plus du tout. Il est à la limite de foutre son poing dans la gueule du guide. Faut dire que si celui-ci a plein de qualités qu’on découvrira plus tard il est franchement nul en communication et diplomatie. Grand amateur de phrases françaises vraiment bof il nous balance régulièrement des « bouge ton boule de feignasse »ou des « dans ton cul » quand François lui demande où est le prochain village. Malheureusement, ce qui pourrait faire sourire en situation habituelle, ne le fait absolument pas quand on est au bout du bout du rouleau. Les filles et moi, pour la première fois, craignons vraiment l’altercation. Inutile de vous dire que l’ambiance dans les rangs n’est pas au beau fixe et que tout le monde se rend bien compte que papanou est sur le point de craquer !
Et quand en plus on se met à jouer les équilibristes au milieu des rizières, la peur se mêle à l’épuisement. On navigue sans aucune sécurité sur des petits murés d’à peine 30 cm parfois bien éboulés. Et le franchissement des paliers ressemble plus à un parcours d’obstacles qu’autre chose. Le moindre faux pas et c’est la chute assurée. Soit dans les rizières ce qui est certes boueux mais pas bien grave (papanou l’a testé) soit en contre bas, 2 à 3 mètres plus bas et là c’est pas la même ! C’est donc avec, le combo parfait, fatigue + boule au ventre qu’on poursuit notre chemin.
J’arrive encore à prendre quelques photos des filles, c’est des vrais amours 😍❤
Enfin, le village de Cambulo se profile à l’horizon plus qu’une vallée à traversé donc à descendre et à remonter !
Cambulo
On atteindra finalement 4h plus tard à la tombée de la nuit notre refuge dans le petit village de Cambulo.
Je n’ai pas les mots pour décrire notre état de fatigue, les nerfs finissent même par complètement lâcher chez Luna quand elle se rend compte qu’il ne faudra pas compter sur le wifi et donc sur l’impossibilité de contacter son cher et tendre. Les pauvres sont tellement à bout qu’elles n’ont même plus la force de se plaindre de la rusticité +++ de la douche et de la chambre. Tout juste si elles s’excitent un peu quand une énorme blatte rampe au-dessus de nos lits.
Je m’en veux terriblement parce que ce n’est pas dans ces conditions que je souhaitais clôturer notre voyage mais ce n’est absolument pas ce que j’avais booker avec le guide ! Comme j’ai fait la réservation il y a longtemps, le guide a dû adapter notre programme en fonction des autres arrivants et c’est clairement nous qui avons perdu à la courte paille !
Et puis, la magie de la nature humaine fait son apparition. Les 8 galériens tous à bout de force (même les 3 vaillants jeunes et leur superbes baskets hors de prix !), attablés autour d’une bonne bière bien mérité, laisse redescendre la pression à grand coup de boutades et d éclats de rire quand les souvenirs de cette journée refont surface. Cette fraternité qui se crée dans l’adversité et la souffrance est le genre de relation qu’on n’avait jamais expérimenté. Même les filles se mettent à relativiser et à expulser toute leur fatigue à grand renfort de plaisanteries et d’autodérision. On peut enfin se remémorer avec plus de joie et de sérénité la beauté des paysages que nous avons traversé.
On aura droit ensuite à un super spectacle de la part des enfants du village mais que nous trouverons un peu long vue notre état !

On finira par se laisser tenter par un bon massage avant d aller se coucher. Sauf François mais lui de toute manière il aime rien 😋
Très rigolo d’ailleurs de voir arriver toutes les femmes du village pour nous masser !!!
Je crois qu’il est temps pour nous d’aller se coucher, demain une grosse journée nous attend !
Réveil difficile mais moins que prévu. Certe les corps sont fourbus et la première descente de marche nous donne envie de nous couper les jambes mais nos esprits sont reposés et on envisage avec bien moins d’horreur la journée qui se profile. Faut dire que seulement 7 kms nous séparent du village de Batad et de la fin de notre calvaire. Et même si le guide nous explique en toute honnêteté que le treck et encore plus compliqué tant les dénivelés et le nombre de marches sont importants on se dit que ça ne pourra jamais être pire qu’hier et que même si c est dure on a survécu à 19 kms alors on survivra à 7. Du coup, c’est dans un état d’esprit bien différent qu’on attaque cette journée, sans oublier un point très important c’est que nous avons bien dormi la veille et ça fait la différence.
Entre chaque montagnes des cordes avec des systèmes de poulies permettent aux habitants de transporter des marchandises entre les villages
Alors oui, on en a chié, oui on a râlé, on a monté et descendu des marches à ne plus pouvoir les compter mais on l’a fait certes dans la douleur et souvent à bout de souffle et de nerfs mais dans la bonne humeur. Souvent presque en pleurant mais immédiatement après en riant et surtout entouré de personnes plaisantes et agréables qui au final en ont chier tout autant que nous.
Batad
Et puis au détour d une montagne le village de Batad entouré de ses rizières apparaît enfin. Et là, c’est l’explosion visuelle. Un paysage absolument grandiose que nous n’avons jamais vu. Et tous à l’unanimité, même ceux qui clamaient hier haut et fort que rien, absolument rien ne méritait une telle souffrance, nous reconnaissons que le jeu en vaut la chandelle. Oublié la douleur, la sueur et les larmes (enfin presque !😉)
Donc le rond blanc sur la photo ci-dessus c’est là où nous attend le jeepney, plus que 2h de marche et la délivrance !
Il nous faudra encore 1heure 30 pour attendre le resto et la pause déjeuner puis une demi-heure supplémentaire de grimpette pour attendre le haut de la montagne et avoir enfin le droit de grimper dans notre jeepneys.
J’insiste vraiment pour que vous vous rendiez compte de l’horreur absolue de ces escaliers !
On fera quand même une halte pour boire quelques bières 😉 On fera à l’occasion la rencontre de plein de gens super sympas et passionnants.
Et quand enfin nous arrivons au resto, le chemin parcouru nous laisse sans voix
Mais au final, perchés sur le toit de notre bolide nous sommes plus que fiers et heureux de l’avoir fait et nous sommes sûr de deux choses :
– Nous ne regrettons absolument pas cette aventure, c’était vraiment grandiose et cette expérience en famille nous a vraiment soudé.
– Jamais de notre vie nous ne le referons 🤣🤣🤣
Bagan
Sur le retour nous faisons un petit détour par les rizières de Batan que nous nous contenterons d’admirer du haut du jeepney parce que nous n’avons plus le temps (que Dieu soit béni !)
Sur le retour on traverse plein de petits villages et à chaque fois sur notre passage les enfants nous acclament et les adultes nous regardent avec un sourire en coin. On a l’impression d’être les rescapés d’une catastrophe naturelle ou des randonneurs disparus enfin retrouvés !!!
Et voilà l’état des godasses à la fin. Bonnes pour la poubelle !!!
Nous reste plus qu’un trajet en bus de 10h pour rejoindre Manille, trouver un taxi à 3 heures du matin dans un quartier légèrement mal famé, rien d’insurmontable quoi ! 😂😂🤣🤣
C'est la fin
On passera l’aprem à glander, à rédiger ce post ou à s’exciter pour obtenir des places de JUL 🤣
Allez, un dernier resto coréen pour rassasier papanou en viande.
Très sympa de manger de la viande grillée sans fourchette ni couteau ! Heureusement ils nous donne des ciseaux 😆😆
Nous vous disons à très vite (dans 18h exactement !) sur le sol Français et à très bientôt pour de nouvelles aventures 😍❤😘